Déjà 2 ans que le monde à commencer à vivre avec le Covid et déjà 1 an et demi que les écoles françaises doivent s’adapter tant bien que mal. S’adapter c’est le mot quand on voit le nombre de versions du protocole, le nombre d’annonces de moyens supplémentaires sans lendemain, le nombre de propos désobligeants tenus par ce cher ministre,… Certain·es pouvaient se dire qu’au point où nous en étions, nous ne pouvions pas tomber plus bas!
JEUDI 13 JANVIER 2022
Notre île est encore en vacances scolaires quand la plupart des académies font leur rentrée le lundi 3 janvier 2022 avec le nouveau protocole annoncé avant le départ pour les vacances de décembre. L’usine à gaz, engendrée par le remplacement du « 1 cas = 1 fermeture de classe » au profit d’une politique de tests à tout va des élèves cas contact sous la responsabilité des familles, se met en route ! L’école fait la Une : des pharmacies débordées, des personnels débordés par la gestion des allers-retours des élèves au gré des tests, des personnels à bout et non remplacés, des conditions de travail totalement dégradées, … La colère gronde et se cristallise autour de la journée de grève historique du 13 janvier 2022.
En parallèle, la situation sanitaire continue de se dégrader à La Réunion et nous pouvons encore une fois craindre pour la reprise prévue dans une dizaine de jours. L’expérience des collègues déjà rentrés nous fait penser que la situation risque d’être sensiblement la même et la FSU et ses syndicats de l’Éducation Nationale décident d’envoyer une demande d’audience le jour-même à la rectrice afin de préparer au mieux la rentrée au vu du contexte sanitaire. Cette demande est accompagnée des premiers éléments essentiels, selon nous, pour une ouverture des écoles et établissements dans des conditions plus favorables le 24 janvier 2022. Dans la foulée, nous contactons aussi les autres organisations syndicales et la FCPE pour préparer ensemble une éventuelle audience et échanger sur les moyens d’agir pour une reprise dans des conditions de travail décentes.
Demande d’audience de la FSU Réunion et ses syndicats
DIMANCHE 16 JANVIER 2022
Malgré les quelques annonces faites par le 1er ministre suite à la réunion de travail entre les organisations syndicales, la FCPE et le gouvernement, toujours aucune nouvelle du rectorat. Nous décidons donc de rendre public notre demande d’audience en l’envoyant à la presse locale (à 11h05). Quelques minutes après l’envoi, un journaliste du quotidien nous contacte pour une interview sur la préparation de la rentrée (à 11h17). Un peu plus tard (à 12h50), les syndicats de la FSU (le secrétariat de la FSU, pourtant auteur du courriel, a été malencontreusement oublié) reçoivent une réponse du cabinet de la rectrice pour une audience intersyndicale le mercredi 19 janvier 2022. Les coïncidences semblent être favorables au dialogue social 🙂
LUNDI 17 et MARDI 18 JANVIER 2022
Les organisations syndicales reçoivent l’invitation à la réunion du mercredi 19 … entièrement en visioconférence. Comme nous l’avions déjà fait lors de la rentrée d’août 2021, nous annonçons, avec les autres organisations syndicales notre intention de ne pas répondre à l’invitation si une solution hybride (présentiel et visioconférence) n’est pas proposée afin de garantir une possibilité de dialogue social. Nos sollicitations séparées n’ayant rien données, nous décidons d’envoyer un message intersyndical commun, avec la FCPE, pour demander une réunion en hybride qui ne sera pas la simple présentation du protocole et des moyens supplémentaires mais bien un temps d’échange. Finalement, notre demande aboutit et nous continuons de nous demander ce qui pousse les autorités académiques à constamment éloigner les représentants syndicaux du rectorat.
MERCREDI 19 JANVIER 2022
L’intersyndicale et la FCPE sont donc présentes à la réunion ainsi que les organisations syndicales de l’enseignement privé. La rectrice porte à notre connaissance les éléments de la circulaire académique de reprise qui est la stricte application du protocole national qui sévit depuis la reprise du 3 janvier, à l’exception du passage aux autotests sous responsabilité des parents annoncé suite à la mobilisation du 13 janvier. Les moyens annoncés ne sont pas du tout à la hauteur des enjeux de mise en sécurité sanitaire et d’amélioration des conditions de travail de toutes et tous. Face à la surcharge de travail engendrée, dans les écoles, par l’application du nouveau protocole, le ministère répond par le déploiement de renfort administratif…en circonscription ! C’est dans les écoles qu’il manque des personnels : qui appellent les parents des classes concernées par des cas ? qui fait le suivi des déclarations sur l’honneur ? des absences et retours ? A ces questions, les décideur·seuses politiques ne semblent pas vouloir répondre car cela demanderait de vrais moyens supplémentaires et ce n’est pas le choix du gouvernement !
Pour les autres catégories de personnels, des annonces vagues sont faites. Recrutement de contractuel·les enseignant·es sans précision sur l’ouverture des listes complémentaires dans le 1er degré (certain·es sont contacté·es pour être contractuel·les et les annonces du ministre ne semblent pas encore s’être transformées en acte !) et sans réelles réponses sur la pérennité des moyens humains supplémentaires à la rentrée 2022. De plus, pour le 2nd degré, la rectrice relance un volet d’heures supplémentaires qui semblent avoir du mal à trouver preneur·ses, là encore, les choix politiques sont clairs : faire le moins de dépenses publiques possibles ! Recruter des enseignant·es titulaires, formé·es et accompagné·es n’est plus du tout une priorité politique pour le gouvernement actuel ! Pour les AED, là encore, on annonce principalement des sacro-saintes » heures supp » et le recrutement d’AED supplémentaires mais aucun chiffre précis sur un nombre d’équivalents temps-plein » nouveaux « …en cas d’absence d’AED et d’enseignant·es, ce sont donc les AED présent·es qui devront augmenter leur charge de travail pour pallier aux manquements du système. Une fois de plus, les plus précaires des personnels se retrouvent à devoir boucher les trous dans un mépris caractéristique de la politique managériale actuelle ! Pour les autres catégories de personnels ? AESH ? Infirmier·ères ? Personnels administratifs rectorat et EPLE ? RIEN ! On se débrouille avec l’existant…
Sur le matériel de protection, encore du flou, les masques FFP2 sont réservés à certain·es collègues pour le moment : enseignant·es en maternelle, AESH, personnels vulnérables et enseignant·es de CP et CE1 volontaires. En fonction de l’arrivage des stocks, d’autres catégories de personnels pourront être concernés. La FSU a tout de suite fait remarquer qu’il manquait une catégorie essentielle de personnels dans cette liste : les » soignants » de l’Éducation Nationale (infirmier·ères et médecins scolaires) qui n’ont toujours pas la garantie de recevoir l’ensemble du matériel de protection nécessaire tout au long de l’année, dont les FFP2. A tout le moins surpris par cette information, les autorités semblent avoir vérifié cette information et finalement les personnels de santé de l’Éducation Nationale devraient, enfin, toutes et tous, avoir le matériel de protection adéquat pour assurer leurs missions premières en ce temps de crise sanitaire où le manque de personnels se fait aussi sentir.
Concernant la prévention des agentes et agents de l’Éducation Nationale à La Réunion, il faudra encore évoluer dans le flou de l’absence de médecins de prévention pour notre académie ! En pleine crise sanitaire, quelques 20 000 agentes et agents de L’État se retrouvent sans médecine de prévention sans que cela ne semble émouvoir les autorités ministérielles qui ne semblent pas pressées de régler ce problème qui pénalise de nombreux personnels qui sont parmi les plus fragiles d’un point de vue sanitaire ! Cette absence de médecine de prévention en pleine crise sanitaire montrent bien les égards de notre employeur à notre encontre.
Pour la continuité pédagogique, le discours du » Vous avez l’habitude, vous l’avez fait pendant le confinement » revient ! Dommage, avant les vacances de décembre, le seul échange sur les questions de continuité pédagogique que nous avions pu avoir avec l’IA-DAASEN semblait plutôt aller dans le sens contraire. En effet, nous nous étions plutôt entendues sur le fait que la réalité dans un temps de confinement pour tout le monde et la réalité dans un temps d’activité pour tout le monde n’étaient pas du tout les mêmes pour l’organisation de la continuité pédagogique ! Il fallait donc travailler cet aspect et le croiser avec les difficultés que rencontrent certaines familles dans l’accès aux outils utilisés pour assurer cette continuité. Les vacances et la reprise de la circulation du virus ont donc emporté cette bonne volonté. Ce choix amène, encore une fois, à remettre la responsabilité sur les enseignant·es et parents uniquement, dédouanant le sous-équipement chronique des écoles et établissements scolaires pour assurer de réelles enseignements à des élèves qui ne pourraient se rendre en classe.
Bref, sur la plupart des éléments, les arbitrages sont clairement nationaux et la rectrice n’est que le relais des décisions du gouvernement qui l’a nommée. Le manque de chiffrage dans les moyens humains annoncés vient de l’absence d’arbitrages du ministère sur ces questions. Le manque d’adaptations du protocole aux réalités de notre île viennent du choix du gouvernement de déconsidérer totalement les départements d’outre-mer. Le gouvernement porte donc une lourde responsabilité dans la situation engendrée de par son obsession à ouvrir les écoles sans donner aucun moyen supplémentaire pour que la mission première de celles-ci, l’enseignement, soit assurée correctement.
Localement, l’ensemble des organisations syndicales ont pu dénoncer et demander l’arrêt immédiat des pressions et demandes fortes faites aux collègues positionné·es comme personnels vulnérables de se mettre en congés longue maladie ou si une reprise en présentiel était possible ! Que les collègues concerné·es contactent les organisations syndicales s’ils sont victimes de ce genre de demandes ! Les ASA des personnels vulnérables n’ont pas évolué en ce début d’année 2022 : elles sont toujours de droit !
La déception des organisations syndicales est donc grande et les réponses apportées sont soit parcellaires (notamment le chiffrage des moyens supplémentaires) soit très en-deça de nos demandes !
VENDREDI 22 JANVIER 2022
Suite aux relais à chaud par voie de presse, l’intersyndicale s’entend sur un communiqué commun de sortie de la réunion avec la rectrice du mercredi 19 janvier 2022.
ET LA SUITE ?
A quelques heures de la rentrée, difficile de se dire que tout va bien se passer ! Les absences des personnels et les cas élèves vont sûrement être nombreux et celles et ceux qui resteront devront donc assurer des tâches qu’ils seront in-fine incapable d’accomplir correctement au regard des moyens donnés ! Le choix de s’en remettre à la responsabilité individuelle de chacun·e, tout en ne donnant pas les moyens d’une réelle politique de prévention du risque sanitaire, est aussi un moyen de diviser en mettant dos à dos parents et enseignant·es, personnels de l’Éducation Nationale et des collectivités territoriales ! Ne rentrons pas dans leur jeu ! Organisons-nous, celles et ceux qui vivent au quotidien cette crise depuis bientôt 2 ans et ne supportent plus le mépris de décideurs qui ne connaissent que le rapport de force, si nous voulons avoir satisfaction. Le 13 janvier a été pour nous toutes et tous un rappel que la lutte collective était possible et qu’en s’unissant les travailleuses et travailleurs du service public d’Éducation étaient capables, avec les parents d’élèves et lycéens, de faire plier le gouvernement. Mais une journée de grève, bien qu’historique, ne suffira pas à faire rompre le gouvernement. Nous devons discuter, réfléchir, et préparer ensemble un mouvement collectif puissant regroupant l’ensemble des personnels et usagers de l’Éducation à La Réunion!
La FSU Réunion et ses syndicats de l’Éducation Nationale vous proposent de rejoindre la lutte interprofessionnelle du jeudi 27 janvier 2022 en nous mettant en grève, en manifestant ( rendez-vous à 9h au Petit marché de St-Denis) et en nous réunissant en assemblées générales, heures syndicales, conseil de maîtresses et maître, groupes de discussions informelles, … ! C’est en prenant le temps d’échanger sur nos difficultés communes et particulières, nos colères réciproques et partagées que nous pourrons toutes et tous ensemble parvenir à la satisfaction de nos revendications ! Il nous faudra donc choisir entre l’acceptation de règles du jeu pipées nous mettant toutes et tous dans des situations ubuesques depuis le début de cette crise, et le refus de voir nos conditions de travail se dégrader toujours plus, nos emplois se précariser, notre charge de travail augmenter sans que nos revenus n’augmentent, …
Les organisations syndicales appelant au 27 janvier 2022 seront à vos côtés dès ce lundi pour que nous parvenions toutes et tous ensemble à une mobilisation d’ampleur pour demander des moyens humains et matériel, des conditions de travail dignes et des salaires dignes pour l’ensemble des agentes et agents de la fonction publique !