Le Premier Ministre vient d’annoncer le retrait provisoire de l’âge pivot ou “âge d’équilibre”. Dans sa lettre du 11 janvier, il confirme toutefois qu’il sera bien dans la future réforme. Il ne retire donc rien du tout, il ne fait que décaler la mesure à 2027 et met en scène ce qu’il essaye de faire passer pour une concession. La ficelle est vraiment grosse!
La “conférence sur l’équilibre et le financement des retraites” participe elle aussi de cette mise en scène. Les partenaires sociaux devraient trouver un accord avec le gouvernement et exclure la recherche de financement ailleurs que dans la poche des salariés. Faute de quoi, il passerait en force, par ordonnances, pour imposer tous les reculs, comme il l’a fait avec le Code du Travail. Il faut donc une incroyable dose de naïveté pour croire qu’il y aurait la moindre marge de manoeuvre. La marge est d’autant plus inexistante que le gouvernement veut figer au niveau actuel la part de PIB qui finance les retraites alors que le nombre de retraités augmentera. C’est comme partager un même repas entre toujours plus de convives.
Pour la FSU, les gesticulations actuelles autour de l’âge pivot ne changeront jamais le plomb en or. C’est toute l’architecture du projet qui est mauvaise.
Universel ne veut pas dire égalitaire ou juste
Répéter en boucle qu’“un euro cotisé donne les mêmes droits” est une insulte à l’intelligence: en fait chacun se débrouillerait selon ses moyens tout au long de sa vie professionnelle et la retraite en serait le reflet. Tant pis pour toutes celles et ceux qui auront subi l’emploi précaire, le chômage, les temps partiels imposés, les bas salaires, les congés parentaux,… Calculer une moyenne sur toute la carrière au lieu des meilleures périodes comme aujourd’hui réduira mathématiquement la retraite versée. Présenter cette baisse comme une mesure de “progrès social”, il faut oser…
Les situations ne sont pas universelles, le travail non plus: les salaires, conditions de travail, l’espérance de vie et les chances d’une retraite en bonne santé sont différents d’un métier à l’autre.

Tout à sa volonté de détruire notre modèle social, le gouvernement veut aussi supprimer les catégories actives de la Fonction Publique, c’est-à-dire les garanties d’une retraite anticipée permettant de compenser ces différences pour les métiers les plus pénibles. Et il s’agirait d’une mesure de justice!

Les aménagements accordés dans certains secteurs mobilisés montrent bien que le gouvernement ne croit même pas à son propre discours, sinon alors pourquoi ces entorses à l’universalité qu’il prône?
Les promesses faites aux enseignants sont illusoires: pour absorber les baisses qu’entrainerait une retraite par points, il faudrait que les salaires soient uniformisés à l’indice le plus élevé tout au long de la carrière. Ce n’est évidemment pas l’intention du gouvernement. Il s’agirait d’hypothétiques primes conditionnées à une ré-écriture des missions et du temps de travail.

Pour légitimer son projet lors de ses “voeux au Français”, Emmanuel Macron s’était déjà livré à un numéro d’illusionniste allant jusqu’à citer le Conseil National de la Resistance. Convoquer celles et ceux dont on trahit les combats ne manque pas de cynisme.
Si cette réforme passait, le prix social à payer à la Réunion serait considérable. C’est pourquoi la FSU appelle à poursuivre les mobilisations jusqu’au retrait du projet et à soutenir financièrement tous les salariés en grève reconductible depuis des semaines.
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On ne négocie pas les régressions, on les combat!