Le Père Noël est généreux avec les « premiers de cordée »!

Après les « Panama Papers » et autres « Luxleaks », -et l’on voit bien à quel point il faut défendre la liberté de la presse- les révélations issues des « Paradise Papers »démontrent, s’il en était encore besoin, que des sommes colossales échappent aux budgets des États.

Pour la FSU, c’est évidemment un secret de polichinelle : de nombreux « premiers de cordées » si chers à E. Macron sont passés maîtres dans l’art de camoufler une partie de leur fortune pour la soustraire à l’impôt. En 2012 déjà un rapport du Sénat estimait que la fraude et l’évasion fiscale des seuls particuliers représentaient pour le budget de la France un manque à gagner de quelques 20 à 25 milliards d’euros. Si on y ajoute les juteux montages financiers de certaines entreprises, la facture s’alourdit encore de quelques milliards. A cela il faut dorénavant ajouter la suppression de l’ISF et de la taxation des dividendes qui conduira à une perte supplémentaire de 5 milliards d’euros par an.

Au delà de ces chiffres vertigineux, la première évidence est que ceux qui cherchent à échapper à leur devoir fiscal ne sont pas guidés par la peur de manquer : les 3520 familles les plus riches de France camouflent 140 milliards de leur fortune dans les paradis fiscaux, soit 2 fois le budget de l’Éducation Nationale, versement des retraites compris, 5 fois celui du ministère de l’Enseignement Supérieur, 14 fois celui de l’Écologie, 20 fois celui de la Justice,… En tout, ces sommes détournées équivalent à plus de la moitié du budget que se partageront les ministères en 2018… rien que ça !

En outre, le très injuste « Verrou de Bercy » permet aux « gros » contribuables pris la main dans le sac de bénéficier d’une amnistie fiscale partielle ou totale sur décision du seul ministère des Finances sans aucune obligation de justification. Autant dire que le rapport des plus riches à l’impôt est très décomplexé !

L’égalité de tous devant l’impôt est pourtant un principe constitutionnel autant qu’un acte citoyen : il s’agit que chacun contribue au bien commun à hauteur de ses moyens, c’est-à-dire essentiellement au financement des services publics et de la Sécurité Sociale. Pour faire simple : ceux qui sont riches payent pour ceux qui sont pauvres. En théorie ! La baisse des APL, le gel des salaires des fonctionnaires, le retour du jour de carence et « en même temps » la suppression de l’ISF et de la taxe sur les dividendes semblent obéir à une logique inverse où les plus modestes aident les plus riches qui eux en plus s’organisent pour payer le moins d’impôt possible.

Pour la FSU, la redistribution ça ne peut pas être ça car qui a les moyens de se soigner sur ses fonds propres, de payer une école privée, de se passer de la Poste pour acheminer son courrier, de la police pour se protéger, de l’aide juridictionnelle pour se défendre en justice, de l’école publique, des musées nationaux, des médiathèques pour se cultiver, de logement social, etc… ?

Personne ne peut dire aujourd’hui que l’évitement fiscal est indolore pour le pays. Motivés par des considérations individualistes et un appétit financier hors de proportion, les ultra-riches et les multinationales semblent oublier qu’une écrasante majorité de la population a besoin des services publics, a besoin de la solidarité nationale, que les services publics vont mal à cause d’un manque de ressources et faute d’une volonté politique de les défendre réellement. Pire encore : cet affaiblissement des services publics et la marchandisation d’un certain nombre de leurs missions ont ouvert les vannes au secteur privé, ce qui permet aux plus riches de se faire de l’argent sur le dos des plus pauvres.

Ces ultra-riches profitent donc également d’une forme de complicité politique qui favorise leur prospérité tout autant que leur impunité et fragilise la cohésion sociale.

Pour la FSU, il est urgent d’augmenter les moyens de l’administration fiscale pour poursuivre les fraudeurs, il est tout aussi urgent de légiférer efficacement contre la fuite de capitaux vers les paradis fiscaux et de renoncer aux mesures vexatoires contre les plus modestes.

L’Union Européenne -et donc la France- a érigé en dogme absolu la maîtrise des dépenses publiques. Fort bien ! Encore faudrait-il d’abord ne pas se priver volontairement de ressources et ne pas en faire payer le prix à ceux qui n’y sont pour rien.