La loi sur l’Égalité Réelle outremer permet d’expérimenter dans les DOM la scolarité obligatoire de 3 à 18 ans (contre 6 ans/16 ans actuellement).

Le principe d’une scolarité obligatoire prolongée jusqu’à 18 ans est défendu depuis longtemps par la FSU et même s’il y a toutes les raisons d’être critiques vis-à-vis de la loi Égalité Réelle, cette possibilité d’expérimentation doit être mise en œuvre à la Réunion.

Le principe actuel d’obligation scolaire jusqu’à 16 ans date de 1959. La réforme Berthoin ajoutait alors deux années à l’âge de sortie possible du système scolaire. L’objectif, dans le contexte de l’époque, était de favoriser l’égalité des chances. En effet, dans les milieux modestes les enfants étaient souvent amenés à quitter l’école tôt pour aider financièrement leurs parents mais cela les privait du même coup de tout accès à des emplois qualifiés. Accroître leur niveau de qualification et de culture et leur offrir davantage de chances d’élévation sociale, étaient les objectifs que se fixait alors la Vème République pour démocratiser son système éducatif et lui faire pleinement remplir son rôle d’ascenseur social.

Notre époque est marquée par un chômage élevé et l’équation : plus de qualification, moins de risque de chômage n’a jamais été aussi vraie.

Arrêter l’école à 16 ans, soit grosso modo avec pour seul diplôme le Brevet des Collèges conduit presque inévitablement au chômage. Ce n’est pas un hasard si actuellement à 17 ans, près de 9 jeunes sur 10 sont toujours scolarisés.

Porter la scolarité obligatoire à 18 ans vise à lutter contre le décrochage scolaire, à démocratiser le système éducatif, à offrir la possibilité d’ un niveau élevé de qualification pour tous les jeunes, en d’autres termes, à vivre avec son temps.

Il est tout aussi indispensable d’augmenter la scolarisation des moins de trois ans. Dans notre département frappé d’un taux d’illettrisme inédit au 21ème siècle pour un pays développé, un nombre de jeunes sans diplôme nettement plus élevé que dans l’Hexagone, le traitement de la difficulté scolaire doit démarrer le plus tôt possible ; en effet, plus l’enfant intègre l’école tôt plus ses chances de réussite sont grandes. Ce qu’a compris le Ministère qui encourage l’implantation de Très Petites Sections dans les écoles maternelles de l’Éducation Prioritaire.

Si la FSU est favorable à un séjour prolongé à l’école, encore faut-il se donner les moyens de le faire bien : offrir un large panel de formations, respecter les souhaits d’orientation des élèves, réduire les effectifs dans les classes, améliorer le bâti scolaire, sont des moyens d’y parvenir.

Encore faut-il aussi se donner les moyens de penser l’ensemble de la scolarité dans sa cohérence (il ne s’agit pas de maintenir coûte que coûte des élèves dans un système qui ne leur convient pas), de renforcer l’éducation prioritaire, de mettre en place les dispositifs et conditions d’étude aptes à combattre l’échec scolaire, de travailler en ce sens programmes et pratiques, d’améliorer la formation des enseignants, d’en recruter davantage.

La FSU Réunion est demandeuse d’un plan de rattrapage en postes de titulaires depuis des années : ce plan est plus que jamais une nécessité.

C’est au prix de tous ces efforts que La Réunion pourra voir diminuer les chiffres terribles de l’illettrisme, du décrochage scolaire, du chômage.

En outre, notre département a besoin que soit reconnues ses difficultés et qu’elles soient efficacement combattues ; pour ce faire il est tout aussi urgent d’attribuer le label de l’Éducation Prioritaire à toutes ses écoles, ses collèges et ses lycées.

Marie-Hélène DOR, Benoit CAQUELARD

Secrétaires départementaux FSU Réunion