Si la FSU Réunion est fière du service public et déterminée à le défendre c’est parce qu’il est régulièrement attaqué par les tenants d’un ultra-libéralisme décomplexé pour qui il y a « trop de fonctionnaires ». S’y ajoute la fable sur leur supposé « absentéisme » en dépit de nombreuses études démontrant tout le contraire ou leur temps de travail qui serait inférieur à celui des salariés du privé alors même que le Code du Travail est, en la matière, l’outil de référence commun à tous les secteurs, privé comme public.

L’actuelle surenchère de certains candidats à l’élection présidentielle en faveur d’une suppression massive de postes illustre une propension à faire des fonctionnaires une menace pour l’équilibre des finances publiques. Mais elle témoigne surtout de l’effarante médiocrité d’analyse quant à leur rôle dans la société.

En effet, exiger qu’il y ait moins de fonctionnaires c’est exiger moins de santé, d’éducation, de justice, de police, d’accompagnement des chômeurs, moins de protection, de culture, d’écologie, en fait moins de tout ce qui sert à compenser solidairement les inégalités qu’elles soient territoriales ou sociales.

Les services publics c’est d’abord 5 millions d’agents tous recrutés pour servir l’intérêt général dont plus de 75000 (hors contrats aidés) à la Réunion.

Le statut des fonctionnaires protège les services publics contre toute forme de pression pouvant nuire à la qualité du service rendu et donc à l’intérêt général. On observe malheureusement une tendance à fragiliser ce statut notamment par le recrutement important de non-titulaires, ce qui permet de payer des salaires plus bas mais aussi d’inféoder ces personnels à leur employeur, contournant ainsi l’esprit qui a prévalu à la création de la Fonction Publique en France.

Ces évolutions sont souvent présentées comme le summum de la modernité à l’instar d’une Laurence Parisot dans une formule restée célèbre : « la vie est précaire, l’amour est précaire alors pourquoi pas aussi le travail ? »

La FSU affirme que le statut de fonctionnaire doit être la norme. Bati sur trois principes fondateurs : égalité en matière de recrutement, indépendance vis à vis du pouvoir politique et responsabilité, il faut s’en inspirer pour construire un projet de société moderne ; car oui la Fonction Publique c’est moderne !

C’est moderne de protéger les salariés, c’est moderne de créer les conditions d’une relation non-anxiogène entre employeur et employé, c’est moderne de renforcer partout où c’est nécessaire les effectifs des Services Publics pour permettre d’inscrire nos sociétés dans un modèle plus équilibré et donc plus juste.

Les kms à parcourir pour accéder à une maternité ou à un bureau de poste en zone rurale, les heures à patienter aux urgences des hôpitaux publics, les années à attendre qu’un tribunal rende justice à une victime, la nécessité de financer des cours particuliers à ses enfants,…. tout cela est le résultat d’une volonté politique de réduire les moyens donnés aux Services Publics.

Pour la FSU, le combat continue pour un véritable plan de rattrapage dans la Fonction Publique car oui, à la Réunion:

– tous les secteurs sont touchés par la précarité des emplois, c’est le cas par exemple dans l’enseignement avec 12 % de contractuels, soit bien plus qu’à Versailles ou Créteil! Et ce sont ces mêmes contractuels qui servent de variable d’ajustement car le Rectorat refuse d’appliquer les textes en les sous-payant,

– près de 80% des personnels territoriaux sont précaires contre 20% en France Métropolitaine mais aussi dans les autres DOM!

Réduire drastiquement le nombre de postes et précariser semblent dans l’air du temps pourtant qui peut encore prétendre qu’il y a trop de fonctionnaires?

La tentation très forte de laisser le secteur privé s’emparer des missions publiques mises en jachère par les chantres de l’ultra-libéralisme, notamment en matière de soins et d’éducation est à contre-courant de tout progrès social. Elle ouvre la voie aux pires injustices du fait d’un coût impossible à supporter pour les familles modestes.

A la Réunion où chômage et bas salaires battent des records, une telle violence sociale aurait des conséquences dramatiques.

Outre-Atlantique, la suppression de l’Obamacare (Affordable Care Act) envisagée par Trump, priverait 20 millions d’Américains d’un accès aux soins. Est-ce ce genre de monde que nous voulons ?

Marie-Hélène DOR, Benoit CAQUELARD, Secrétaires départementaux FSU Réunion

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