Défendre les services publics et l’égalité des chances

Quand une opération promotionnelle sur une pâte à tartiner provoque des émeutes, c’est le signe d’une société malade de ses inégalités persistantes, des mirages du consumérisme, de l’étalage provoquant de la richesse de quelques-uns quand tous les autres vivent un sentiment permanent de déclassement. Ces émeutes nous disent à quel point il est urgent de changer de modèle sociétal, urgent de partager les richesses et de renforcer les structures qui œuvrent au service de tous, pour la solidarité nationale, ce qui est la mission première des services publics. Encore faudrait-il en avoir la volonté. Le gouvernement Macron-Philippe a fait le choix exactement inverse, il prépare une société ultra-libérale faite de précarité pour la majorité et d’opulence pour quelques-uns.

Des services publics en sursis Des surveillants de prisons qui débrayent après des agressions répétées, 34 médecins du CHU qui démissionnent pour dénoncer la suppression de 155 postes, des soignants en grève contre les conditions de travail indignes en maisons de retraite, des lycéens qui réclament l’égalité devant les études : ces mouvements témoignent de l’état dégradé de la Fonction Publique victime d’une gestion centrée sur la recherche d’économies plutôt que sur la qualité du service rendu aux usagers. Dans tous les secteurs, Justice, Éducation, Environnement, Santé,…….. les personnels sont à la peine pour assurer leurs missions efficacement, la souffrance au travail est partout. Loin de répondre à ce manque criant de moyens, E. Macron a choisi de précipiter la faillite des Services Publics pour pouvoir plus facilement les privatiser. Transferts au secteur privé voire abandon de missions : telle est en effet la feuille de route du comité Action Publique 2022.

Parcoursup, Bac, Lycée : une jeunesse sacrifiée C’est dans ce contexte d’austérité budgétaire que s’inscrivent les 3 prochaines réformes touchant l’Éducation Nationale: réforme du lycée, du bac et sélection à l’entrée à l’université. Le ministre de l’éducation est un admirateur des systèmes anglo-saxons où l’école publique est en crise grave du fait de décennies de vaches maigres. La conséquence en est un système scolaire à deux vitesses où les familles les plus aisées fuient l’école publique pour se tourner vers les structures payantes bien mieux dotées.

Un lycée à la carte et un bac par lycée La sélection à l’entrée dans le Supérieur qui se pratique aux États-Unis où les universités choisissent leurs étudiants attaque directement le modèle français qui jusque là permettait un égal accès à tous les lycéens à la seule condition d’avoir obtenu le bac. L’empressement du gouvernement à imposer Parcoursup alors même que la loi n’est pas votée (!) ne sert qu’à masquer l’absence d’anticipation face au boom démographique des années 2000 et à l’ augmentation du nombre d’étudiants alors que l’investissement public par étudiant est en chute libre depuis 10 ans.

Margaret Thatcher avait livré des pans entiers de services publics britanniques au privé ; le résultat est consternant : des logements sociaux qui s’effondrent sur leurs occupants, des trains qui déraillent, un système de santé dévasté avec des urgences bondés, un personnel débordé, 55000 opérations chirurgicales reportées au point que la 1ère ministre a dû présenter ses excuses aux patients.

C’est donc au nom de ces mêmes dogmes ultra-libéraux vieux d’au moins 40 ans que le gouvernement a décidé de brader nos services publics ; il a d’ores et déjà annoncé un « plan de départs volontaires », cheval de Troie de la suppression de 120 000 postes ; oh surprise, ces emplois étant indispensables, il prévoit d’« étendre largement le recours aux contractuels ne bénéficiant pas de l’emploi à vie » et aboutir ainsi à la disparition progressive du statut de fonctionnaire. Bienvenue en Macron-land !