Monsieur Le Secrétaire Général,

Cette deuxième rentrée sous Covid après septembre 2020 s’est faite comme si aucune leçon n’avait été tirée des 18 mois passés, en matière d’anticipation et d’organisation.

L’impréparation manifeste du ministère a, encore une fois, provoqué un stress inutile chez les personnels.

La Réunion a à nouveau servi de chambre d’expérimentation et il a fallu attendre la rentrée de métropole pour que le ministre daigne présenter un protocole sanitaire (et ce, dans la presse…).

Les “flottements” des semaines qui viennent de s’écouler ont montré qu’il restait encore de nombreuses zones d’ombre dans le protocole sanitaire.
Les différents niveaux du protocole ne s’accompagnent d’aucun seuil objectif qui permettraient pourtant de savoir sur quelle base on passe d’un niveau à l’autre, l’organisation de la campagne de vaccination en milieu scolaire apparaît toujours floue, les règles d’éviction des élèves cas contacts sont inapplicables et de toutes façons problématiques sur le fond, rien n’est dit des équipements des établissements scolaires, pour ce qui relève de l’aération par exemple….

Le ministre s’est exprimé devant les médias le 19 août…sans dissiper le flou persistant ! Les formules habituelles (nous serons prêts, la rentrée scolaire aura lieu, nous sommes le pays qui a le plus gardé ses écoles ouvertes) ne répondent en rien aux interrogations et aux inquiétudes de la communauté éducative.

Une rentrée similaire à la rentrée précédente, donc et pourtant la situation à La Réunion est totalement différente! Aujourd’hui le taux d’incidence est bien plus élevé, “la situation reste très fragile”, selon la préfecture ; le variant Delta est de plus en plus présent (75% des cas) et des études montrent qu’il est plus contagieux, notamment chez les enfants.

L’année dernière déjà nous avions alerté sur les manques de moyens qui allaient s’accentuer avec la circulation du virus. Mais tout ce qui nous est proposé encore aujourd’hui est de continuer sur la même lancée, le même optimisme béat, alors que le préfet de son côté prend des mesures de plus en plus restrictives!

La rentrée s’est faite avec un manque du personnel enseignant devant élèves, administratif dans les secrétariats, spécialisé pour les élèves en difficulté d’apprentissage, AESH suffisamment formé et décemment rémunéré, ATSEM pour assister le personnel enseignant en maternelle, d’entretien pour nettoyer et désinfecter pour respecter le protocole sanitaire de niveau 2… Et tout cela est particulièrement criant dans le premier
degré.

Et que dire du manque de lucidité et de considération de Mme la rectrice envers les conditions de travail des personnels qui n’a pas daigné reporter la rentrée faisant fi de l’impréparation et des insuffisances académiques en cette période de crise sanitaire ?

Les personnels de l’académie méritent mieux qu’un “Tout va bien” aux accents de méthode Coué.

Mais d’autres enjeux sont aussi au cœur de cette rentrée.

Dans notre académie, tout d’abord, où nous nous inquiétons pour la qualité du dialogue social. Il est en effet très compliqué d’accéder aux services du rectorat et le refus d’organiser les réunions en présentiel semble indiquer une conception des relations entre l’administration rectorale et les organisations syndicales plus proche de l’information (choisie) que de la communication.

Nous tenons également à exprimer une forte inquiétude concernant la prise en compte des problématiques de santé des personnels.

L’absence de médecins de prévention est catastrophique : ils sont indispensables.

Par ailleurs, les personnels en situation de handicap doivent attendre trop longtemps et sont en souffrance car le service est en sous-effectif.

Enfin, les personnels vulnérables sont mis sous pression, c’est inacceptable !

Plus largement ensuite. Concernant les salaires, loin de la revalorisation historique promise par Jean-Michel Blanquer, le Grenelle de l’Education débouche sur une prime d’attractivité dont sont exclus 48 % des collègues ! Vous avez dit « historique » ?

Nos conditions de travail se dégradent encore avec 1883 suppressions de postes en collèges et lycées, alors que les effectifs augmentent. Depuis 2017, les gouvernements Macron ont supprimé 7490 emplois alors qu’il y a eu 63 662 élèves en plus ! Les conséquences sont connues : augmentation des effectifs, réduction de l’offre de formation, etc…

Les conséquences de la situation sanitaire sur les apprentissages ne sont pas prises en compte et les programmes n’ont été aménagés qu’a minima: seulement en terminale sur certaines disciplines, absence de moyens supplémentaires… le ministre a préparé cette rentrée comme s’il ne s’était rien passé ces 18 derniers mois !

Les modalités d’évaluation ont encore été modifiées pendant les vacances, sans tenir compte des critiques des organisations syndicales ni même de celles des inspecteurs généraux.

Enfin, nous dénonçons la manière dont le président de la République a remis sur la table, en même temps que les annonces sanitaires, la réforme de l’assurance chômage ou encore celle des retraites. Profiter de la situation pour mener à bien des réformes régressives, anti sociales et faire payer la crise aux travailleur·euse·s n’est pas acceptable. La crise a au contraire montré le besoin de protections collectives et le manque d’investissements dans les services publics, à commencer par l’hôpital et le système de santé. C’est à cela qu’il faut travailler pour sortir enfin de cette crise. Nos
organisations syndicales ont d’ores et déjà appelé à se mobiliser pour une rentrée sociale, pour défendre les droits sociaux et les libertés.